samedi 19 décembre 2009

Les aléas de l’emploi du temps des élèves et du Cipel (les horaires marseillais)

Ce soir-là, comme tous les soirs, l’acrobate s’éloigne dans le brouillard, guidé par son rayon d’ombre lumineuse qui transperce la nuit.




J’avais commencé ce message la semaine dernière en rentrant à la maison…

Donc, j’avais cours à 10h avec mon groupe A, comme tous les mardis. Je rencontre Xiaodong, le chinois de mon mini-groupe devant l’entrée. Comme d’habitude, je sonne. Souvent la directrice a quelques minutes de retard. On profite du fait que des gens sont entrés pour monter dans l’immeuble du Cipel.

On arrive à la porte. Je frappe. Le Chinois aussi. Où est Olga, la russe ? Esther, déjà, je me suis habituée à ses absences.

J’essaie de le faire parler. Il a des problèmes à la production orale. Il parle et me raconte son week-end. Je commence à m’inquiéter devant la porte…

A 10h10, quand le cours aurait dû commencer depuis 10 minutes déjà, je reçois un texto de la directrice qui me dit « Cours annulé. Venez plus tard. » Moi, croyant que je faisais un cauchemar, je l’appelle. Le chinois, qui vient de Salon de Provence et qui avait train à 9 h du matin et à 18h, est stupéfait. Ce jour-là, j’avais des cours le matin, donc l’après-midi j’avais déjà quelque chose à faire. Elle me dit « C’est moi qui décide ! Qu’est-ce que vous avez à faire ? ». Ben, il n’y a pas que le Cipel dans ma vie. Je ne passe pas mes jours à attendre de voir si elle me dit ou pas de venir. Surtout que le groupe d’après avait un autre niveau et je n’avais pas le temps de préparer quoi que ce soit ! Un emploi de temps est fait pour être respecté. Quand au Chinois, il a dû passer quelques heures dehors, dans le froid.


Il y a quelques jours, pendant le cours, la directrice part, comme elle fait souvent – faire les courses, à la banque ou à des rdv. Tout le temps elle rentrait avant la fin du cours. Cette fois-ci, je finis mon cours avec le groupe B, à 16h30, comme d’habitude. Attente de 5 minutes, attente de 15 minutes, attente de 35 minutes. Elle ne revient toujours pas. Je l’avais appelée sur le portable et laissé des messages sur le répondeur et je lui aussi envoyé deux textos pour lui demander quoi faire. Il commençait à faire sombre dans la grande salle où les néons ne s’allument pas. Ne voulant pas passer ma soirée dans le noir, je me souviens qu’une fois elle a claqué la porte pour fermer. Alors, je fais comme ça et je quitte les lieux. A 21h passées, elle m’appelle pour me dire qu’elle vient de voir mes messages et qu’elle était rentrée pour le cours du soir.
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mardi 1 décembre 2009

« Une armoire froid »

Et de là-haut, ses yeux brillent, plongés dans la lumière trop blanche, trop brûlante et trop cruelle. Mais dans l’obscurité, des milliers d’yeux le fixent, lui jettent des fleurs invisibles pour l’encourager. Le silence reste roi et les paroles s’étouffent avant d’être prononcées. L’acrobate fait son célèbre saut périlleux.




Me voici au début de la première semaine du 3ème mois de stage et c’est le temps de faire le bilan du deuxième mois.

Présence des apprenants : ma classe de trois apprenants s’est quasi-transformée en binôme, parce que je n’ai vu la Nigérienne que très peu de fois. Elle aurait besoin de lire, de faire de la compréhension écrite. J’ai axé donc la préparation de mes cours sur les deux étudiants qui manifestent plus d’intérêt.
Quand aux raisons des absences, j’ai vu/entendu : cheveux ou chaussures mouillé(e)s, oubli de se réveiller le matin, rendez-vous avec ses amis chinois, besoin d’aller à la préfecture.


Les devoirs : souvent des descriptions (d’un lieu – sa maison ; d’une personne), écrire des dialogues ou de courtes lettres, compléter des exercices structuraux, écrire des cartes postales ou des recommandations pour un restaurant.


Phénomènes observés : plus le devoir est laborieux, plus ça vise des compétences différentes, plus l’incidence de l’excuse « j’ai oublié mon devoir à la maison » (soyons sérieux, si tous les jours ils ont un même cahier en classe et à la maison, pourquoi exactement le jour où ils oublient, ils laisseraient la fiche à la maison ???), « j’ai fait le devoir, mais dans ma tête » est probable.

Conséquence : j’explique l’importance et l’utilité du devoir. Ils me montrent des signes d’approbation à chaque fois et sourient après.


Grand souci : mes apprenants, malgré le fait d’apprendre le français sur place, ne parlent pas en français en dehors des cours. Ce qui fait qu’ils avancent très lentement. Et je me suis fait disputer pour cela. A mon avis, surtout à cause de l’absence d’un programme, car dans ce cas, c’est les étudiants qui imposent leur rythme. Parfois je me propose de passer à un autre point de grammaire ou de vocabulaire, mais je suis obligée de revenir avec d’autres explications ou répéter certaines règles.

La sortie : J’avais proposé à la directrice de faire une sortie avec les apprenants au marché afin qu’ils puissent remplir un questionnaire sur la vie des français que j’aurais composé. Comme réponse, un jour, elle m’a di qu’on irait voir un salon de thé chinois, parce que le chinois de mon groupe pourrait reconnaître des produits traditionnels. Ok, je dis. On y va, mais la grande surprise fut qu’il s’agissait d’un magasin-brocante de thé-objets-meubles……..Japonais ! Ce n’est pas grave, mais l’objectif (que les apprenants parlent librement) n’a pas été atteint. Et j’avais apporté caméra e appareil photo pour immortaliser le moment passé à table avec eux…Ce sera pour une autre fois…


Activité de compréhension orale : je fais écouter une chanson. Je pose des questions « de quoi il s’agit ? », etc… Ils me disent : « c’est une chanson ! » ; « oui, ça chante ». Alors, je me rends compte qu’il faut faire plusieurs écoutes. Mais après la 2ème, tout rentre dans l’ordre et je commence à avoir les réponses souhaitées.

Le cours commun : un jour, la directrice m’apprend que je vais animer un cours commun avec la classe A et la classe B. Cela me paraît amusant et une bonne opportunité de stimuler la motivation et la parole chez les apprenants. Elle me conseille de faire un genre de révision pour les deux groupes qui vise le vocabulaire.

Déroulement : Le jour J, elle change de plan, et 5 minutes avant le cours je me retrouve face à des fiches avec d’autres activités que celles du début. Donc, les apprenants, ils étaient quatre, sur cinq prévus. Je les sépare en 2 groupes et on commence à résoudre les activités, pendant les quelles je fabrique des billets avec des noms de métiers pour qu’ils miment. J’essaie aussi de les faire parler au maximum. Mêmes ceux du niveau A se montrent courageux et voire bavards. Le contexte les stimule, le cours est une réussite, même si on n’a pas fini toutes les activités.




p.s: “une armoire froid” c’est le frigo (la formule appartient à Olga) :)